Voilà 10 jours environ que nous avons arrêté l'air conditionné à Taipei! Si le printemps 2017 a été long à venir, l'été a pris son temps avant de tirer sa révérence. Nous sommes donc dans la saison d'automne/hiver (il n'y a pas de grande différence entre les deux). Et, comme vous le voyez, les monts du Wenshan au sud-est de Taipei restent entièrement verts! Seuls de très rares arbres perdent leurs feuilles.
Ces quelques semaines où il fait encore plus de 20 degrés sont idéales pour aller explorer ces magnifiques paysages. Hier, j'eus l'occasion de disposer mon Chaxi avec une vue imprenable sur ces théiers de qingxin Oolong cultivés de manière organique.
Dans un tel cadre, du Wenshan Baozhong s'impose! Je choisis donc
celui-ci issu d'une nouvelle plantation. Il est du printemps 2016 et on peut voir que la couleur de ses feuilles sèches est devenue plus foncée avec le temps.
Cette petite maturation convient bien à la saison automnale. La couleur de l'infusion est restée vive dans les coupes céladon de Michel François.
Je retrouve dans l'infusion les odeurs qui m'entourent. C'est à la fois un parfum de fleurs blanches locales très odorantes et de forêt subtropicale. Le goût est doux, presque mielleux avec une pointe un peu acidulée qui se prolonge agréablement. Je ne bois pas, je communie avec le paysage!
Et quand un fermier passe par là et vois mon Chaxi, je ne peux m'empêcher de partager mon bonheur avec lui!
J'ai bien fait, car il revint un peu plus tard avec sa carte de visite, une orange et une invitation à aller dans sa ferme pour goûter du thé! C'est de cette manière tranquille et humaine que j'ai fait mes meilleures rencontres avec des producteurs de thé. En effet, c'est dans leur plantation qu'ils sont le plus naturel, pas dans une foire commerciale.
Et puis comme cela, devant mon chaxi, le producteur peut voir que ma démarche, ma recherche de thé est avant tout passionnée. Et comme l'aspect commercial vient en second plan, il comprend que la qualité compte bien plus que le prix pour moi.
Certains lecteurs sont peut-être dubitatifs. C'est normal. Je ne peux pas convaincre tout le monde de ma sincérité et de ma passion. (Ecrire ce blog depuis 2004 est insuffisant depuis que je me suis mis à vendre du thé, après une carrière de cadre supérieur dans une multinationale.) Si je vends du thé, c'est donc que je le fais pour l'argent, cqfd! Certes, j'ai la plus belle vie au monde et n'ai pas envie d'en changer, mais je conduis toujours ma Toyota Premio immatriculée en décembre 2000! Bref, si à Taiwan certains marchands de thé roulent en Bentley ou en Porsche, ce n'est pas mon cas!
Ma fortune n'est pas financière, mais probablement bien plus précieuse et enviable. Ma passion est mon travail et je gagne assez pour en vivre. Je suis indépendant et agit librement. Je n'achète pas de pub sur Google ou Facebook, mais compte sur des choses démodées comme mon travail de
sélection, ma formation continuelle, ma créativité, le bouche à oreille, le partage de mes connaissances... Et j'ai l'intime conviction que les thés que je bois ont meilleurs goût que ceux des 500 hommes les plus riches de la planète!
Le thé demande un travail de longue haleine. Les plantations mettent 2-3 ans avant de commencer à produire, les Oolongs torréfiés mettent 10-20 ans pour se transformer, l'apprentissage dure tout une vie... A la manière des théiers, la floraison vient en hiver!